Les produits “sans BPA” sont-ils sans danger ?
Par Christina Phillis
L’étiquette “sans BPA” sur les contenants alimentaires est un symbole de sécurité, depuis 2008, qui indique que les produits ne contiennent pas de bisphénol A (BPA), un produit chimique nocif. Diverses études ont montré que le BPA peut causer des effets négatifs sur la reproduction, le développement et le métabolisme chez les animaux. Mais maintenant que nous avons remplacé nos bouteilles d’eau en plastique par des options sans BPA, nous commençons à apprendre que ces solutions de rechange ne seraient pas en fait plus saines.
Une découverte accidentelle
En étudiant les effets du BPA sur la reproduction chez la souris, des chercheurs de l’Université de l’État de Washington ont remarqué quelque chose d’étrange. Même si le groupe expérimental de souris a été exposé au BPA, mais que le groupe témoin ne l’a pas été, les différences entre les deux groupes ont commencé à disparaître. Des problèmes génétiques sont aussi apparus dans le groupe témoin.
Les cages en plastique abritant les souris ont été endommagées pendant l’utilisation et ont commencé à dégager du bisphénol S (BPS), l’un des produits chimiques utilisés dans les produits en plastique sans BPA. Cela a amené l’équipe de recherche à examiner les effets du BPS et d’autres solutions de rechange au BPA.
Des études de ce type mettent en évidence un problème important lié à la sélection de produits chimiques de remplacement. Dans ce cas, les substituts du BPA tels que le BPS, le BPF, le BPAF, le BPZ et le BPP partagent la même structure chimique de base du bisphénol et peuvent entraîner des effets physiologiques similaires.
Évaluation d’une solution de rechange
Une étude de l’Université du Missouri (MU), publiée dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences, s’est penchée sur les effets du BPS sur les souris gestantes.
Dans l’étude, les souris ont été exposées au BPA ou au BPS pendant deux semaines, puis elles ont été élevées. Lorsque les embryons étaient âgés de 12,5 jours, des échantillons placentaires ont été prélevés et comparés aux placentas d’animaux témoins non exposés.
“Les produits chimiques synthétiques comme le BPS peuvent pénétrer dans le placenta maternel, de sorte que tout ce qui circule dans le sang de la mère peut facilement être transféré à l’enfant en développement,” a déclaré Cheryl Rosenfeld, professeure de sciences biomédicales au College of Veterinary Medicine, chercheure au Bond Life Sciences Center et membre de la faculté de recherche du Thompson Center for Autism and Neurobehavioral Disorders à la MU. “Ce modèle de souris est le meilleur dont nous disposons aujourd’hui pour simuler les effets possibles du BPS pendant la grossesse chez l’humain, parce que le placenta a une structure similaire chez les souris et chez les humains”.
"Les produits chimiques synthétiques comme le BPS peuvent pénétrer dans le placenta maternel."
– Cheryl Rosenfeld
L’équipe de la MU a découvert que l’exposition au BPA ou au BPS modifiait l’expression de 13 gènes identiques, entraînait une diminution des concentrations de sérotonine et produisait d’autres changements.
Le placenta est la première source de sérotonine pour le développement du cerveau des fœtus humains et de souris. La sérotonine affecte l’humeur, mais elle peut également avoir un impact sur le sommeil, l’alimentation et la digestion des aliments.
“Le placenta répond à la fois aux produits chimiques naturels et aux produits chimiques synthétiques que l’organisme accepte à tort comme des produits chimiques naturels, mais il n’a pas la capacité d’atténuer les effets néfastes de tels produits chimiques d’origine industrielle,” a expliqué Madame Rosenfeld. “Plus important encore, ces produits chimiques ont la capacité de réduire la production de sérotonine du placenta. De faibles taux de sérotonine peuvent compromettre le développement du cerveau du fœtus, car, pendant cette période critique du développement, le cerveau dépend du placenta pour produire de la sérotonine. Ainsi, l’exposition au BPA ou même à son substitut, le BPS, pendant le développement, peut avoir des conséquences à long terme sur la santé”.
Résultats mixtes
Au fur et à mesure que nous en apprenons davantage sur les effets négatifs des produits sans BPA, les risques du BPA continuent à faire l’objet de débats. La plupart des produits sans BPA ont été mis au point en réponse à la pression des consommateurs. La FDA a interdit l’utilisation du BPA dans les biberons, les gobelets antifuites et les emballages de préparations pour nourrissons, mais elle maintient que l’exposition à de faibles doses du produit ne provoque aucun effet indésirable. Des recherches universitaires indépendantes ont démontré le contraire.
Puisque des études ultérieures établissent les effets réels de ces produits chimiques au fil du temps, les meilleures solutions de rechange comprendraient les contenants exempts de tout type de plastique.
